mardi 29 novembre 2011

pensée inique ?


Mesurez votre taux de pensée inique

Etes-vous vraiment un bon penseur inique ?

Est-ce qu'il vaut mieux :
A/ prendre aux riches pour donner aux pauvres ?
B/ prendre aux riches pour donner aux riches ?
C/ prendre aux pauvres pour donner aux riches ?
D/ prendre aux pauvres des pays riches pour donner aux riches des pays pauvres ?

A/ Prendre aux riches pour donner aux pauvres, est-ce que c'est :
a/ une utopie chronique ?
b/ une utopique anachronie ?
c/ une illusion comique ?
d/ la révolution ?

B/ Prendre aux riches pour donner aux riches, est-ce que c'est :
a/ le cours normal des choses ?
b/ le cours de la bourse ?
c/ le coup de c'est la faute à la fatalité ?

C/ Prendre aux pauvres pour donner aux riches, c'est :
a/ une économie de gestion ?
b/ une économie de marché ?
c/ le jeu très libre du très libre échange ?

D/ Prendre aux pauvres des pays riches pour donner aux riches des pays pauvres, c'est :
a/ de l'aide au développement ?
b/ de l'aide au développement ?
c/ de l'aide au développement ?

Ce texte de Jacques Rebotier date de 1990 et a été publié dans Description de l'omme.
On le trouve dans le spectacle La Revanche du dodo (Théâtre Gérard-Philippe de Saint-Denis, 2009), parlé-dansé par Caroline Espargilière et Marie Payen, flanquées de la contrebasse de Anne Gouraud.

lundi 28 novembre 2011

Hervé Le Tellier, La qui flanche


écrit sur la mémoire, ou plutôt son trouble, le poème La qui flanche (in « Zindien » avec des dessins de Henri Cueco, publié en 1999 aux éditions Syllepse dans la collection Libre espace) est aussi un hommage au fameux Je me souviens de Georges Pérec. Un contre-hommage peut-être, au sens où on parlait de contre-blason au XVI ème siècle.
La qui flanche  me parait aussi un traveling arrière – et achronique –, de l'univers et de sa création originelle au moment présent du geste d'écrire, du méta-texte en quelque sorte, mais peut-être m'égarè-je ?  J.R.


Merci encore à Frédérique Bruyas

Au commencement, Dieu créa le ciel et la quoi déjà?
Notre Père qui êtes aux quoi, déjà?
Je vous salue, Marie, pleine de quoi déjà?
Roland est preux et Olivier est quoi déjà?
Que sont mes amis devenus que j'avais de si près tenus et tant quoi, déjà?
Mignonne, allons voir si la quoi, déjà?
Mieux est de ris que de larmes écrire pour ce que rire est le propre de quoi, déjà?
Je pense donc je quoi, déjà?
Amour, amour, quand tu nous tiens, on peut bien dire "Adieu, quoi, déjà?"
Plutôt souffrir que mourir c'est la devise des quoi, déjà?
L'homme est un roseau, mais un roseau quoi, déjà?
Rodrigue, as-tu du quoi déjà?
Liberté, Égalité, quoi déjà?
Le petit chat est quoi, déjà?
Qu'allait-il faire dans cette quoi, déjà?
Un seul être vous manque et tout est quoi déjà?
La Déclaration Universelle des Droits de quoi déjà?
Les sanglots longs des violons de l'automne bercent mon coeur d'une langueur quoi déjà?
Longtemps, je me suis couché de bon quoi déjà?
La chair est triste, hélas, et j'ai lu tous les quoi déjà?
Les plus désespérés sont les chants les plus quoi déjà?
Le jour n'est pas plus dur que le fond de mon quoi, déjà?
Le capitalisme est l'exploitation de l'homme par quoi, déjà?
Nous ne sommes rien, soyons quoi, déjà?
Je vous souhaite d'être follement quoi déjà?
T'as de beau quoi, déjà?
E = mc quoi, déjà?
Dieu ne joue pas aux quoi, déjà?
L'amour, c'est l'infini à la portée des quoi déjà?
Toute ma vie, je me suis fait une cer-taine idée de la quoi déjà?
Je souhaite la victoire de la quoi déjà?
Paris humilié, Paris martyrisé, mais Paris quoi déjà?
Si ma tante en avait, on l'appellerait déjà quoi déjà?
Faites l'amour, pas la quoi déjà?
I can get no quoi, déjà ?
Faut dire que c’est plutôt une boisson de quoi déjà ?
Nous sommes tous des Juifs de quoi déjà ?
La cimaise, ayant chaponné tout le quoi déjà ?
C’est roulé à la main sous les quoi déjà ?
La maladie où l’on oublie tout, c’est la maladie de quoi déjà ?
Je me souviens qu'en 1978 Georges Perec a écrit quoi déjà?
L’Ouvroir de Littérature quoi déjà ?
 
Hervé Le Tellier
et en lecture par l’auteur :


dimanche 27 novembre 2011

Clarice Lispector se et nous questionne

Merci à Frédéric Werst : pour nous faire passer cet extrait de La Découverte du monde (Edition des femmes), recueil de chroniques que Clarice Lispector a tenues chaque samedi au Jornal do Brasil, d'août 1967 au 2 janvier 1974, jour où elle fut licenciée sec. 
    ( traduction en wardwesân en cours )
Je recommanderais aussi l'immersion dans Où étais-tu pendant la nuit ? 
taux interrogatif : élevé.


Et cette ultime question ultime, également tirée de La Découverte du monde


Est-ce que mourir est le dernier plaisir terrestre ?



samedi 26 novembre 2011

solides questions liquides : pauvres riches ?

Catherine Robert, putative questionneuse-accoucheuse aux Lilas (à suivre prochainement ici ?), attire notre attention sur les Questions de Max Frisch, et tout particulièrement la 15.
Examinez attentivement la 11, et vite !



QUESTIONNAIRE

max frisch questionnaire l'argent
1.
Détestez-vous l'argent liquide?
2.
Pourquoi?
3.
Avez-vous déjà dû vivre sans argent liquide?
4.
Lorsque vous rencontrez quelqu'un en slip de bain et que vous ignorez tout de ses conditions de vie: à quoi reconnaissez-vous au bout de quelques mots (ne portant pas sur l'argent) tout de même le riche?
5.
Combien d'argent aimeriez-vous posséder?
6.
À supposer que vous soyez dans le besoin et que vous ayez un ami riche qui veut vous aider, et il vous donne une somme considérable (par exemple pour que vous puissiez faire vos études) et éventuellement également des costumes à lui qui sont encore en bon état: qu'acceptez-vous avec le moins de gêne?
7.
Avez-vous déjà volé:
a. de l'argent liquide?
b. des objets (un livre de poche au kiosque, des fleurs dans le jardin d'autrui, une édition originale, des chocolats sur un terrain de camping, des crayons bille qu'on a laissés traîner, un souvenir d'un mort, des serviettes de toilette dans un hôtel, etc.)?
c. une idée?
8.
Tant que vous ne possédez pas de patrimoine et avez des revenus modeste, les riches ne parlent pas volontiers d'argent devant vous mais avec d'autant plus de chaleur de questions qu'on ne peut régler avec de l'argent, p.ex. d'art: ressentez-vous cela comme du tact?
9.
Que pensez-vous de l'héritage:
a. quand vous en avez un en perspective?
b. sinon?
c. quand vous considérez un nourrisson en sachant que, quoi qu'il advienne de lui, il possédera la moitié d'une usine ou une villa, un terrain qui n'a pas à redouter l'inflation, une maison de vacances en Sardaigne, cinq immeubles de rapport en banlieue?
10.
Êtes-vous épargnant? Et si oui:
11.
Expliquez comment il se fait que la Banque Nationale détermine quelle est la valeur de l'argent que vous avez obtenu en salaire et épargné, et au profit de qui vos économies se volatilisent soudain.
12.
À supposer que vous soyez issus d'un milieu simple et disposiez inopinément d'un gros revenu, de telle sorte que l'argent ne joue pour ainsi dire plus aucun rôle pour vous: vous sentez-vous personnellement inchangé? Et si oui: vos amis jusqu'alors trouvent-ils la même chose ou trouvent-ils que l'argent joue bien un rôle, en vous déformant personnellement?
13.
Combien coûte à l'heure actuelle une livre de beurre?
14.
Si vous vous trouviez dans la situation de pouvoir vivre d'intérêts: vous considérez-vous comme n'étant pas un exploiteur parce que, bien que vous puissiez vivre des intérêts, vous travaillez vous aussi?
15.
Redoutez-vous les pauvres?
16.
Pourquoi pas?
17.
à supposer que vous soyez un grand mécène, c.-à.-d. que vous distribuiez à des gens que vous estimez personnellement une part des intérêts considérables tirés du travail d'autres personnes: comprenez-vous l'estime publique dont vous jouissez en tant que mécène, et votre propre absence de gêne à cette occasion?
18.
Que ne faites-vous pas pour de l'argent?
19.
Timon d'Athènes, pour éprouver l'amitié de ses amis, a, un jour, servi à sa table des écuelles remplies d'eau seulement: il apprit ce faisant ce qu'à vrai dire il savait déjà, et se montra amèrement déçu des hommes car, voyez, ils venaient toujours pour sa seule richesse et n'étaient pas de vrais amis. Trouvez-vous justifiées les grandes malédictions qu'il jette sur les autres? Manifestement, le riche Timon d'Athènes avait pensé pouvoir acheter l'amitié.
20.
Aimeriez-vous une femme riche?
21.
Comment vous expliquez-vous que, riche, vous montriez volontiers que vous vous refusez quelque chose que vous pourriez vous offrir sans problème (p.ex. un yacht) et que vous ressentiez une joie presque puérile à avoir acheté quelque chose particulièrement bon marché, pratiquement pour rien, de sorte que n'importe qui aurait pu se l'offrir, et pourquoi êtes-vous en même temps passionné d'objets irremplaçables, tels qu'icônes, sabres, porcelaines de l'époque Ming, gravures sur cuivre, oeuvres de maîtres défunts, monnaies historiques, autographes, tapis de prière du Tibet, etc.?
22.
Qu'est-ce qui vous déplaît dans un nouveau riche:
a. qu'il s'en sorte sans héraldique?
b. qu'il parle d'argent?
c. qu'il ne dépende pas de vous?
23.
Comment justifiez-vous votre propre richesse:
a. par la volonté de Dieu?
b. par le fait que vous la devez uniquement à vos capacités personnelles, c.-à.-d. par l'hypothèse que d'autres facultés qui ne se convertissent pas en revenus sont de moindre qualité?
c. par un comportement digne?
d. en vous disant que seuls les riches peuvent d'une manière générale faire marcher une économie pour la prospérité de tous, c.-à.-d. par l'esprit d'entreprise?
e. par la charité?
f. par votre culture supérieure que vous devez à une richesse héritée ou à une fondation?
g. par un mode de vie ascétique?
h. par une probité scrupuleuse dans tous les domaines de la morale qui ne touchent pas au système bourgeois du profit, de même que par l'intériorisation des conditions existantes, la sensibilité aux choses de la culture, le goût, etc.?
i. par le fait que vous payez des impôts considérables?
k. par votre hospitalité?
l. en vous disant que de mémoire d'homme il y a toujours eu des pauvres et des riches et qu'il y en aura donc toujours, c'est-à-dire que vous n'avez absolument aucun besoin de vous justifier?
24.
Si, non de votre propre volonté (tel Saint François d'Assise) mais en raison des circonstances, vous redeveniez pauvre: seriez-vous, après avoir connu, en tant que leur égal, la manière de penser des riches, aussi patient qu'autrefois envers eux, désarmé par le respect?
25.
Avez-vous une fois mis le feu avec un briquet à un billet portant le portrait d'un grand écrivain ou d'un grand capitaine dont la dignité passe de main en main et vous êtes-vous demandé en face des cendres où était maintenant la valeur garantie?

Max FrischJournal 1969
Personnellement, j'adore la 18.
JR

mercredi 23 novembre 2011

John Cage et les gens : arrêter la musique ?


QUESTIONS SUR LA MUSIQUE


La musique n'est-elle que de sons?
Un camion qui passe est-il de la musique?
Lequel est le plus musical d'un camion qui passe devant une usine et d'un
camion qui passe devant une école de musique?
Les gens son-ils musiciens à l'intérieur de l'école, non-musiciens au-
dehors? Et si ceux qui sont à l'intérieur n'entendent pas très bien, est-ce
que ça change ma question?
Les sons ne sont-ils que des sons ou sont-ils Beethoven?
Les gens ne sont pas des sons, n'est-ce pas?
Le silence existe-t-il?
Même si je m'éloigne du monde, faut-il que je continue d'écouter quelque
chose?
Disons que je suis dans les bois, faut-il que j'écoute le babil du ruisseau?
Y a-t-il toujours quelque chose à écouter, jamais ni paix ni calme?
Si j'ai la tête pleine d'harmonie, de mélodie et de rythme, qu'est-ce qui
m'arrive quand le téléphone sonne, qu'est-ce qui arrive veux-je dire à ma
paix et à mon calme?
Y a-t-il une raison quelconque de demander pourquoi?
Demanderais-je pourquoi si les questions n'étaient pas des mots mais des
sons?
Si les mots sont des sons, s'agit-il de musique ou seulement de bruits?
Sont-ils musicaux?
Je vous demande, aussi, un jour, les sons se produisant dans le temps,
qu'adviendra-t-il de notre expérience de l'écoute, la vôtre, la mienne, nos
oreilles à l'écoute, qu'adviendra-t-il si les sons qui sont beaux s'arrêtent
un jour, et que les seuls sons qui restent ne soient pas beaux mais laids,
qu'adviendra-t-il de nous?
Pourrions-nous jamais en venir à penser que les sons que nous trouvons laids
soient beaux?
Si vous deviez compter sur vos dix doigts la musique que vous emporteriez si
vous alliez au Pôle Nord, que choisiriez-vous?
Et si je trouvais ou si quelqu'un d'autre trouvait le moyen de laisser un
son être lui-même, est-ce que tous les gens à portée de voix pourraient
l'écouter?
Pourquoi y a-t-il tant de gens qui ont du mal à écouter?
Pourquoi se mettent-ils à parler dès qu'il y a quelque chose à entendre?
Ont-ils les oreilles non pas de chaque côté de la tête mais situées à
l'intérieur de la bouche si bien que quand ils entendent quelque chose leur
première réaction est de parler?
Il faudrait rendre la situation plus normale, vous ne trouvez pas?
Pourquoi ne peuvent-ils pas fermer la bouche et ouvrir les oreilles?
Sont-ils stupides?
Et, si oui, pourquoi n'essaient-ils pas de cacher leur stupidité?
Apprend-on à mal se tenir quand on apprend à connaître la musique?
Le fait d'aimer la musique vous rend-il automatiquement stupide et incapable
d'écouter?
Dans ce cas, ne pensez-vous pas qu'on devrait arrêter l'étude de la musique?

John Cage

questions vitales vitalement recueillies par Frédérique Bruyas, 
Grand-croix de la question sonore

mardi 22 novembre 2011

theater of questions, WHAT !?


The Theater of  Questions? What’s that? June 1999


One day, a very long time ago, I saw an old rabbi running in all directions in the Prague streets, looking insane and shouting: “I have answers! I have answers! Does anybody have questions?"
  Jacques Rebotier, Answer to the Previous Question.


The Theater of Questions


Indeed, there are too many answers in the world, and not enough questions! Let’s fight the W.I.D. (World Interrogative Deficit)! Let’s reverse the situation!

The Theater of ..., what’s that? That’s a good question.
A process, out of n[i] years. At the beginning, thousands of questions collected throughout the world, mail boxes, the internet. In the end, in the year 2000 or so, a show entitled The Answer Off the Point: a show made up of signs, movements, sounds, gestures, dances, videos, acrobatic feats, lights.
The beginning: a wide collection of questions from all around the world (France, Ireland, Morocco, Tunisia, Germany, Poland, Australia, The United States, Bolivia...), collected by mail, fax, telephone, the internet, and also by mailbox-objects designed by plastic artists from all countries, and who travel throughout the world. The first one, carried out by Virginie Rochetti, traveled from festival to festival,  Maubeuge, Avignon, Pont-à-Mousson, Saint-Nazaire. The second one, by Tom Lopez, was put in the Contemporary Art Museum in Raleigh, North Carolina. Others are to be made.
Questions are also designed or treated on the occasion of writing circles, dance workshops or theatrical games (Berlin, Agadir, Saint-Nazaire, Nanterre ).

The wide collecting has already started, in all languages, in all mouths. In the end, it will make up the multilingual and multiglingual prologue of the show entitled The Answer Off the Point. Between this final point and the initial one, the Theater of Questions develops itself as it pleases. It will undoubtedly get its rules, its laws, its working time, its political parties, its kitchen, its furniture, its gods, its library, its toys, its road maps, its history books, its post and its stamps, its constitution, its ceremonies, its surveys, its questionnaires, its works of art, its police, its catechism, its garbage cans.
From time to time there will be some States of the Question, meetings, shows, performances, installations, books, exhibitions, which will permit questioners to take stock on the state of deterioration of the project.

Questioning friends, have you ever asked yourselves whether you had a question to ask?
If you have, you are ready to participate in the Theater of Questions. If you haven’t, you are ready to participate too.
First degree questioners, you must thus dare to put a letter into the question box.
Second dan questioners, this is an appeal: become an ambassador, a secretary or a full-fledged citizen in the Free State of the Question, conduct a survey, or, still better, your own quest: sculptor, cashier, cobbler, graphic designer, lawyer, student, politician, butcher, linguist, writer, historian, sailor, mailmen, porters, commissionnaires, impostors, you can participate in the project as you see fit, make up objects, texts, actions, design slip roads, question-shoes, register the question-cries of question-animals, set up the interrogative map of the territory, file the crazy questions asked by the great founding ancestors (Ramon Lull, pseudo-Sidrac, Racine, Elle, Code civil, Marie-Claire...), make the Theater of Questions divert its course and, I hope, contribute, in this way, to lead it with us on the way towards the perfect disaster.
As for you, theaters, stations, garages, festivals, schools, public gardens, firms, farms, spaces, participate in the movement of the Theater of Questions: house one for a while. Dig with us the Very Deep Interrogative Hole!   .



Interim government of the Free state of the question:

Preacher: Jacques Rebotier
Zoo warden: Virginie Rochetti
Post Office Secretary and impostor: Bertrand Couderc   
Secretary of State of emergency: Malte Martin
Secretary of yetis, big foot etc: Karin Serres
Bicanet second-in-command: Frédérique Bruyas
To be continued...

To know about the diplomatic performances in different countries, please contact us.      


Not too late...      


[i] n = ?

Combien d’années compte novembre ?


Question de saison de Pablo Neruda, Le Livre des Questions (Gallimard), traduction de Claude Couffon. 

« Combien d’années compte novembre ? »
 
A mettre en écoute de « Les mouches entrent par une bouche fermée », extrait de Vaguedivague (1958) du même PN. La fin :

« Ce que nous avons est si peu
et ce que nous présumons est grand
et nous apprenons si lentement
qu’à peine les questions posées nous mourons.
Il vaut mieux garder l’orgueil
pour la cité des morts
au jour des défunts.
Et là-bas lorsque le vent parcourra
les trous de ton crâne
il te révèlera une telle énigme,
en te murmurant la place exacte
de tes oreilles. »


Questions judicieusement collectées par Frédérique Bruyas,  Bicanet second-in-command du Théâtre des questions (Interim government of the Free state of the question)

qui propose aussi ce...

Devoir :
Vous enregistrerez des tas de gens posant la fameuse question de Jabès (extraite de « Le Livre de L’hospitalité », NRF Gallimard p.51) :
« Les mots changent-ils de sens quand ils changent de bouche ? »

Pour lundi.

lundi 21 novembre 2011

Alan Ginsberg nous écrit !?



Who bombs ?

1

Whom bomb ?
We bom'd them!
Whom bomb ?
We bomb'd them !
Whom bomb?
We bomb'd them !
Whom bomb?
We bomb'd them !

Whom bomb?
We bomb you!
Whom bomb?
We bomb you!
Whom bomb?
You bomb you!
Whom bomb?
You bomb you!

What do We do ?
Who do We bomb ?
What do We do?
Who do We bomb ?
What do We do ?
Who do We bomb ?
What do We do!
Who do We bomb ?

What do We do ?
You bomb! you bomb them!
What do We do ?
You bomb! you bomb them!
What do We do?
We bomb! We bomb you!
What do We do ?
you bomb! you bomb you!
Whom bomb?
We bomb you!
Wom bomb ?
We bomb you!
Whom bomb?
You bomb you!
Whom bomb ?
You bomb you!
  
II

For Don Cherry

Whydja bomb?
We didn't wanna bomb!
Whydja bomb?
We didn't wanna bomb
Whydja bomb?
you didn't wanna bomb!
Whydja a bomb?
you didn't wanna bomb

Who said bomb?
Who said we  hadda bomb?
Who said bomb?
Who said we hadda bomb?
Who said bomb?
Who said you hadda bomb?
Who said bomb?
Who said you hadda bomb?

Who wantsa bomb ?
We don't, wanna bomb!
Who wantsa bomb ~
We don't wanna bomb!
Who wantsa bomb ?
We don't wanna bomb
We don't wanna
We don't wanna
              We don't wanna bomb!

Who wanteda bomb?
Somebody musta wanteda bomb!
Who wanteda bomb?
Somebody musta wanteda bomb!
Who wanteda bomb?
Somebody musta wanteda bomb!
Who wanteda bomb?
Somebody musta wanteda bomb!

They wanteda bomb!
They neededa bomb!
They wanteda bomb!
They neededa bomb!
They wanteda bomb!
They neededa bomb!
They wanteda bomb!
They neededa bomb!

They thought they hadda bomb!
They thought they hadda bomb!
They thought they hadda bomb!
They thought they hadda bomb!

Saddam said he hadda bomb!
Bush said he better bomb !
Saddam said he hadda bomb!
Bush said he better bomb !
Saddam said he hadda bomb!
Bush said he better bomb !
Saddam said he hadda bomb!
Bush said he better bomb!

Whatdid he say he better bomb for ?
Whatdid he say he better bomb for ?
Whatdid he say he better bomb for ?
Whatdid he say he better bomb for ?

Hadda get ridda Saddam. with a bomb!
Hadda get ridda Saddam with a bomb!
Hadda get ridda Saddam with a bomb!
Hadda get ridda Saddam with a bomb !

Saddam's still there building a bomb!
Saddam's still there building a bomb!
Saddam's still there building a bomb!
Saddam's still there building a bomb!

III

Armageddon did the job
Gog & Magog Gog & Magog
Armageddon did the job
Gog & Magog Gog & Magog

Gog & Magog Gog & Magog
Armageddon does the job
Gog & Magog Gog & Magog
Armageddon does the job

Armageddon for the mob
Gog & Magog Gog & Magog
Armageddon for the mob
Gog & Magog Gog & Magog

Gog & Magog Gog & Magog
Gog Magog Gog Magog
Gog & Magog Gog & Magog
Gog Magog Gog Magog

Gog Magog Gog Magog
Gog Magog Gog Magog
Gog Magog Gog Magog
Gog Magog Gog Magog

Ginsberg says Gog & Magog
Armageddon did the job.

February‑June 1991

Bush (père) et Saddam Hussein y sont mis sur un pied d'égalité, ce qui ne correspondait pas vraiment à la réalité des forces en présence, mais bon, les questions sont toujours d'actualité; et toujours sans réponse.
JR